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Комитет Государственной Безопасности

Comité pour la Sécurité de l'État

L'immeuble de la Loubianka, ancien siège du KGB.

De la Tchéka au KGB

Suite à la Révolution d'Octobre, Lénine créa la Vetcheka (ВЧК, pour Всероссийская Чрезвычайная Комиссия по борьбе с контрреволюцией и саботажем, ou Commission Extraordinaire Panrusse de lutte contre la contre-Révolution et le sabotage) le 7 décembre 1917, sur la propostion de Félix Dzerjinski, qui en fut le premier directeur. Cet organisme constituait aux yeux de Lénine l' "arme suprême pour la réalisation de la volonté du prolétariat". Ainsi naissait la police secrète soviétique, dont l'organisation fut confiée aux soviets locaux. La Vetcheka (parfois abrégé en Tcheka) était chargée d'activité de renseignement, de contre-espionnage mais surtout de répression contre les opposants, instaurant un véritable régime de terreur durant la guerre civile, pour répondre à la terreur blanche. En août 1918 furent créés les deux premiers camps de travail pour contre-révolutionnaires à Mourom et Arzamas. Deux sortes de camps virent le jour : ceux dépendant du NKVD (Народный Комиссариат Внутренних Дел ou Commissariat du Peuple aux Affaires Intérieures) où étaient internés les personnes condamnées par un tribunal, et ceux dépendant de la Vetcheka, regroupant les "ennemis de classe potentiels".

Félix Edmoundovitch Dzerjinski
(1877-1926)
Viatcheslav Roudolfovitch Menjinski
(1874-1934)

Le 6 février 1922, la VeTcheka fut remplacée par la Guépéou (ГПУ, pour Государственное Политическое Управление ou Direction Politique d'État). En 1926, Viatcheslav Menjinski succéda à Félix Dzerjinski à la tête de la police secrète, entretemps renommée OGPU, le O signifiant Объединённое ou Unifié.

Le 10 juillet 1934, l'OGPU fut dissoute, ses activitées étant confiées au NKVD de Guenrikh Iagoda. Suite à l'assassinat de Sergueï Kirov, le NKVD fut chargé d'ouvrir un procès public qui sera le premier des procès de Moscou. Le 30 septembre 1936, Iagoda, déclaré par Staline "incapable de démasquer le bloc trotskyste-zinoviéviste", fut remplacé par Nikolaï Iejov à la tête du NKVD, principal artisan des Grandes Purges voulues par Staline. Iagoda fut jugé lors du quatrième procès de Moscou et fusillé le 15 mars 1938.

Le 17 novembre 1938, une résolution secrète du Politburo mit fin aux Grandes Purges, dénoncant les excès d'un NKVD "infiltrés par les ennemis du peuple". Kikolaï Iejov remit sa démission quelques jours plus tard, avant d'être arrêté puis exécuté en février 1940. C'est Lavrenti Beria, son ancien adjoint, qui prit sa place à la tête du NKVD le 8 décembre 1938. C'est lui qui signa la directive du 5 mars 1940, contre-signée par Staline, ordonnant l'exécution de 25 700 soldats et officiers polonais à Katyn, massacre qui ne fut reconnu par les autorités russes qu'en 1992.

Blason du NKVD. Guenrikh Grigorievitch Iagoda
(1891-1938)
Nikolaï Ivanovitch Iejov
(1895-1940)
Lavrenti Pavlovitch Beria
(1899-1953)

Le 3 février 1941, le département du NKVD en charge de la sécurité de l'État fut détaché pour devenir un organe indépendant, le NKGB, pour Народный Комиссариат государственной безопасности ou Commissariat du peuple pour la Sécurité de l'État.

En mars 1946, le NKVD fut rebaptisé MVD (Minsitère des Affaires Intérieures) et le NKGB devint le MGB (Ministère pour la Sécurité de l'État), les Commissaires du Peuple prenant le titre de Ministres. Beria céda la direction du MVD au général Krouglov, tandis que le MGB revint à Abakoumov, l'un des subordonnés de Beria. En novembre 1951, Ignatiev, un proche de Staline, remplaça Abakoumov.

Le MVD fusionna avec le MGB en mars 1953, après la mort de Staline, selon la volonté de Beria qui en reprenait la direction. Mais la montée en puissance de Beria inquiéta les autres membres du Politburo, qui s'allièrent à l'armée, désireuse de retrouver sa prééminence sur le MVD. Beria fut arrêté le 10 juillet 1953 puis exécuté. Sa chute allait entraîner une nouvelle séparation des organes de sécurité, le MVD conservant les fonctions relatives à la sécurité intérieure, tandis que le nouveau KGB, créé le 13 mars 1954, prenait en charge de la sécurité de l'état. La gestion du Goulag passa dans le giron du ministère de la Justice.

Les dirigeants du KGB

Le Comité pour la Sécurité de l'État fut placé sous l'autorité du général Ivan Serov, ancien partisan de Beria qui avait participé à la conspiration contre ce dernier. Serov fut en première ligne lors de l'insurrection de Budapest en 1956.

Aleksandre Chélépine succéda à Serov le 25 décembre 1958, avant d'être remplacé par Vladimir Semitchastny le 13 novembre 1961. Son implication dans l'éviction de Krouchtchev en octobre 1964 lui permit de conserver son poste au début de l'ère Brejnev.

Youri Andropov devint président du KGB le 18 mai 1967. Dans sa lutte contre les dissidents, il favorisa l'exil, l'assignation à résidence ou l'internement psychiatrique. C'est sous sa direction que furent arrêtés les membres du "Comité pour la défense des droits civiques" fondé par A. Sakharov en 1970 et ceux du "Groupe de surveillance de l'application des accords d'Helsinki" créé par Y. Orlov en 1975. Youri Andropov définissait le KGB comme "une institution lumineuse dans sa fierté d'assurer la défense de la société soviétique, à l'intérieur comme à l'extérieur". Andropov joua un rôle déterminant dans la décision d'envoyer l'armée soviétique en Afghanistan.

Après le long règne d'Andropov, c'est Vitali Fedortchouk qui lui succéda le 26mai 1982. Mais il ne fit qu'un pasage éclair : promu Ministre de l'Intérieur le 17 décembre 1982 par Youri Andropov, il fut remplacé par Viktor Tchebrikov. Grâce aux information communiquées par l'espion américain Aldrich Ames, Tchebrikov parvint à démenteler le réseau de la CIA opérant en URSS. À cause de son désaccord avec certaines réformes entreprises par Gorbatchev, Tchebrikov fut remplacé par Vladimir Krioutchkov le 1er octobre 1988. Il fut l'un des partisans du coups d'État raté contre Gorbatchev en août 1991. Une fois Krioutchkov emprisonné, l'intérim fut assuré par Léonid Chebarchine le 22 août 1991. Il fut remplacé par Vadim Bakatine à la tête du KGB dès le lendemain. Le 11 octobre 1991, le KGB était démantelé par le Conseil d'État.

Ivan Aleksandrovitch Serov
(1905-1990)
Aleksandre Nikolaïevitch Chélépine
(1918-1994)
Vladimir Iefimovitch Semitchastny
(1924-2001)
Youri Vladimirovitch Andropov
(1914-1984)
Viktor Mikhaïlovitch Tchebrikov
(1923-1999)
Vladimir Aleksandrovitch Krioutchkov
(1924-2007)

Fonctions et organisation du KGB

Le KGB était directement soumis au Politburo, et plus particulièrement au secrétaire général du PCUS. Son rôle était d'assurer la sécurité de l'État soviétique, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'URSS. En clair, le KGB était responsable du renseignement, du contre-espionnage, de la surveillance des frontières, de la protection des personnalités, de la lutte contre le crime organisé et le terrorisme, et de la lutte contre les opposants au régime.

Blason du KGB.

Pour remplir ses différents missions, le KGB était divisé en Directions :

  • 1ère Direction Principale (PGU pour Первое Главное Управление) : chargée du renseignement extérieur ;
  • 2ème Direction Principale (VGU) : chargée du contre-espionnage ;
  • 3ème Direction : chargée du contre-espionnage au sein des forces armées ;
  • 4ème Direction : chargée de la sécurité des voies de communication ;
  • 5ème Direction : police politique chargée de la lutte contre les dissidents ;
  • 6ème Direction : chargée du contre-espionnage économique et de sécurité industrielle ;
  • 7ème Direction : chargée de la surveillance des étrangers résidants en URSS ;
  • 8ème Direction : chargée des transmissions, de leur sécurité ;
  • 9ème Direction : chargée de la protection des personnalités, comprend notamment la Garde du Kremlin ;
  • 15ème Direction : chargée de la sécurité des installations sensibles, notament les sites de lancement de missiles nucléaires ;
  • 16ème Direction : chargée du renseignement électronique ;
  • Direction générale des gardes-frontière (Пограничные войска СССР) ;
  • Direction de la Technique Opérationnelle : chargée du développement des matériels utilisés par les personnels du KGB.
Sources :
  • Histoire de l'Union soviétique, Nicolas Werth, Presses Universitaires de France, 2008
  • page sur le KGB du site www.sambofrance.org
  • page sur le KGB du site www.fas.org
Page mise à jour le 21/04/2012