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Beriev Be-12

Deux Beriev Be-12 en vol au-dessus de Sébastopol en juillet 2006 pour le Jour de la Marine.

Développement du Be-12

Le 28 mars 1956, le Comité Central du PCUS émit une directive concernant le développement d'un appareil amphibie de lutte ASM et de patrouille maritime (PATMAR) pour lutter contre les futurs SNLE américains armés du missile Polaris A-1. Au même moment, l'OKB-49 de Gueorguiy Mikhaïlovitch Beriev testa un hydravion Beriev Be-6 remotorisé avec deux turbopropulseurs. Beriev décida alors d'étudier un nouvel appareil dérivé du Be-6 et équipé de turbopropulseurs. Le projet soumis aux autorités en novembre 1957 ne conservait que les ailes en mouette et la dérive double du Be-6.

Le premier prototype de le version PATMAR et de lutte ASM du Beriev Be-12 fut construit par l'usine n°86 de Taganrog et livré le 30 juin 1960 pour commener ses essais en vol le 18 octobre 1960. Il fit sa première apparition publique le 9 juillet 1961 au salon de Touchino. À cette occasion, il reçut le surnom OTAN de Mail, tandis que les Russes le surnommaient Tchaïka ("mouette", en référence à la forme de sa voilure).

Le premier prototype du Beriev Be-12 au début de ses essais en vol. Le premier prototype du Beriev Be-12 à la mer. Le premier prototype en vol au-dessus de Moscou en 1961.
(crédits photo : G. Petrov)

Malheureusement, l'appareil s'écrasa le 24 novembre 1961 suite à une erreur de pilotage, tuant trois membres d'équipage. Un second prototype fut alors construit : il se différenciait du premier en plusieurs points. Les nacelles moteurs, placées sous les ailes sur le premier prototype, furent logées au-dessus de celles-ci pour protéger davantage les moteurs contre les ingestions d'eau. Le nez fut également modifié pour accueillir un radôme abritant le radar Initsiativa-2B. Le second prototype fut prêt à reprendre les essais en vol en septembre 1962. Les essais d'acceptation d'État s'achevèrent le 20 avril 1965 et l'appareil fut inscrit à l'inventaire de l'AVMF le 29 novembre 1968.

Le second prototype au décollage. Les deux principales différences par rapport au premier sont l'emplacement des nacelles moteur et le radôme de nez. Le second prototype au début de ses essais. Le numéro "12 rouge" du premier prototype a été conservé. Le second prototype du Be-12 en mer d'Azov.

Comme le voulait la coutume en URSS, la production en série commença avant la fin des essais d'acceptation. L'usine n°86 de Taganrog livra le premier Be-12 de série (n°4600201) le 12 décembre 1963, tandis que le 143ème et dernier exemplaire (toute versions confondues) quitta les chaînes de montage en juin 1973. Pour la seule version PATMAR, 130 exemplaires furent construits, dont certains seront ensuite convertis pour d'autres missions ou simplement modernisés.

Beriev Be-12 en cours d'assemblage dans l'usine n°86 de Taganrog. Beriev Be-12 à Domodedovo en juillet 1967. Beriev Be-12 sur le terrain de l'usine n°86 de Taganrog.

Description technique

Les deux turbopropulseurs Ivtchenko AI-20D entraînant une hélice quadripale AV-68D de 5 m de diamètre sont implantés au plus haut de l’aile pour éviter toute ingestion d’eau lors des amerrissages ou décollages sur l’eau. Le Be-12 est aussi équipé de trains rétractables pour opérer à partir de la terre ferme.

Les experts occidentaux le pensèrent dépassé de par sa conception générale (ailes en mouette, turbopropulseurs et empennage bidérive caractérisent en effet l'un des derniers hydravions amphibies en service dans le monde), mais il se révéla à la fois moderne de par ses équipements et performant dans les missions qui lui furent confiées. Entre 1964 et 1983, il s’appropria même 44 records mondiaux, notamment en atteignant l’altitude de 2000 m avec 10 100 kg de charge ou 12 185 m sans charge ainsi qu’en parcourant un circuit fermé de 100 km à la vitesse moyenne de 596 km/h. Ses équipements comprennent un radar de recherche Initsiativa-2B implanté dans le nez pour la détection des navires de surface et un détecteur d’anomalie magnétique (MAD) APM-60E dans une longue protubérance caudale qui sert à détecter les sous-marins. Une fois l’ennemi repéré, le Be-12 dispose de toute une panoplie d’armements pour le détruire (mines, torpilles AT-1 et roquettes air-mer) embarqués en soute ou sur pylônes externes.

Gros plan sur le nez d'un Be-12PS avec le radôme abritant le radar Initsiativa-2B.
(crédits photo : A. Britchevskiy)
Détail de la protubérance caudale du détecteur d'anomalie magnétique.
(crédits photo : A. Britchevskiy)
Vue arrière du Be-12PS "18 jaune" à Gelendjik (Mer Noire) en septembre 2010.
(crédits photo : Alex Beltyoukov sur Airliners.net)
Hélice AV-68D entraînée par le turbopropulseur AI-20D.
(crédits photo : A. Britchevskiy)
Plan 2 vues du train principal du Be-12. Plan 2 vues de la roulette de queue du Be-12.

Au début des années 1970, le radôme de nez fut légèrement modifié : de section circulaire dans un premier temps, il s'applatit pour obtenir une section ovale. La peinture blanche appliquée sur les trois-quarts inférieurs du radôme modifié permettent de le reconnaître imméditement.

Alignement de Be-12 pour la parade de juillet 1967 à Domodedovo. Le premier appareil conserve le nez cylindrique gris, tandis que les deux suivants ont un nez conique gris et blanc.

Be-12N

En avril 1976 entra en service la version PATMAR modernisée Be-12N, bénéficiant du nouveau système de recherche et de désignation de cible Nartsiss, du radar Initsiativa-2BN, du détecteur d'anomalie magnétique APM-73S et de bouées acoustiques RGB-2. Au total, 27 Be-12 furent portés au standard Be-12N à l'usine de réparation de Ievpatoria entre 1976 et 1977.

Be-14 et Be-12PS de recherche et de sauvetage en mer

Avec l'arrivée des missiles Polaris A-3 sur les SNLE américains à partir du milieu des années 1960, qui affichaient une portée bien supérieure aux précédents missiles A-1, le rôle de lutte ASM confié au Be-12 commença à décliner, son autonomie devenant insuffisante pour atteindre les zones de patrouille des SNLE occidentaux. Le Be-12 dut donc se rabattre sur des activités considérées comme secondaires, et notamment la recherche et le sauvetage en mer (SAR).

La première version SAR développée fut le Be-14, dont un unique prototype fut construit à Taganrog en 1965. Il était assez différent du Be-12, puisque la soute à munition était supprimée pour laisser de la place au matériel médical, tandis que le détecteur d'anomalie magnétique de queue était retiré.

Le seul exemplaire du Beriev Be-14 lors de ses essais en 1969.
Le Beriev Be-14 en 1969. Le Beriev Be-14 dans la baie de Gelendjik (Mer Noire) en 1969. Remarquez les quatres charges sous les pylônes d'aile. Le Beriev Be-14 en 1970 lors de ses essais.

Jugé trop coûteux, le Be-14 fut abandonné au profit d'une version plus abordable, le Be-12PS, dont quatre exemplaires furent obtenus à partir de Be-12 convertis en 1972 à Ievpatoria. Dix autres Be-12PS furent également construits entre avril 1972 et novembre 1973 à l'usine n°86 de Taganrog. Sur le Be-12PS, la protubérance caudale du MAD fut conservée pour ne pas déplacer le centre de gravité de l'appareil. Une trappe d'accès à la soute fut ajoutée sur le côté droit de l'avion, sous la ligne de fuite de l'aile.

Be-12PS obtenu à partir du Be-12 n°2602503 modifié, 1972. La trappe ajoutée sous le bord de fuite de l'aile droite est une caractéristique du Be-12PS. Be-12PS "18 jaune" à Gelendjik pour le salon des hydravions en septembre 2010.
(crédits photo : Dmitry Jerdine sur Airliners.net)

Carrière opérationnelle

Le 318 OPAP de la Flotte de la Mer Noire fut la première unité opérationnelle à recevoir des Be-12 en juillet-août 1965. En 1967, l'appareil commença à équiper le 289 OPAP de la Flotte du Pacifique, puis le 403 OPAP de la flotte du Nord à partir de 1968. La 49 OPAE de la Flotte de la Baltique prit en charge ses premiers Be-12 en mars 1970. Au milieu des années 1970, le Be-12 équipait 4 régiments au complet, soit 12 escadrilles de 8 appareils chacune.

La principale mission du Be-12 était la traque des SNLE de l'OTAN à proximité des côtes soviétiques en complément des Il-38 et Tu-142 qui se chargeaient respectivement de cette mission à moyenne et longue distance. Pour mieux surveiller les mouvements de la 6th Fleet américaine en Méditerranée, trois Be-12 de la Flotte de la Mer Noire furent basés au Caire puis à Marsa Matruh entre 1968 et juillet 1972. Ils portaient des marquages égyptiens mais étaient armés par des équipages de l'AVMF.

Beriev Be-12 de la Flotte du Pacifique au décollage. Be-12 du 240 OSAP à Ostrov. Remarquez le bas des dérives noirci par les gaz d'échappement. Be-12PS "18 jaune" en vol à Sébastopol pour le Jour de la Marine, juillet 2007.
(crédits photo : Max Briansky sur Airliners.net)

En 1993, il restait 55 Be-12 opérationnels en Russie (plus 22 en réserve) dont la mission était principalement le sauvetage en mer ; les Il-38 et Tu-142 plus modernes assurant l'ensemble des missions ASM. En 2005, seuls 12 exemplaires étaient encore en service à Katcha (base de l'aviation de la Flotte de la Mer Noire en Crimée, où opère le 917 OSAP) pour des missions SAR et de contrôle des pêches, et quelques autres en réserve sur les bases d'Ostrov (oblast de Pskov) et de Ielizovo (Kamtchatka). Quelques appareils ont également été transformés pour la lutte contre le feu et ont reçu la désignation de Be-12P.

Lors de la dissolution de l’URSS, l’Ukraine conserva 3 Be-12, et reçut 11 autres appareils lors du partage de la Flotte de la Mer Noire.

Fiche technique
Be-12 Be-14
Longueur 30,1 m 27 m
Envergure 30,2 m 30,2 m
Hauteur au sol 7,4 m 7,4 m
Surface alaire 99 m2 99 m2
Masse à vide 24 000 kg 24 000 kg
Masse maximale au décollage 36 000 kg 36 000 kg
Équipage 4 6
Motorisation 2 turbopropulseurs Ivtchenko AI-20D de 5180 ch unitaire 2 turbopropulseurs Ivtchenko AI-20D de 5180 ch unitaire
Plafond opérationnel 12 100 m 12 100 m
Vitesse maximale 550 km/h 550 km/h
Distance franchissable 4000 km 4000 km
Course au décollage 2000 m sur terre
2300 m sur l'eau
2000 m sur terre
2300 m sur l'eau
Course à l'atterrissage 1750 m sur terre
1500 m sur l'eau
1750 m sur terre
1500 m sur l'eau
Armement usqu'à 3000 kg : charges de profondeur, mines, roquettes air-mer, torpille AT-1 aucun
Plan 3 vues d'un Beriev Be-12 de série avec radôme de nez conique. Plan 3 vues du Beriev Be-14.
Profil couleur du premier protoyope du Beriev Be-12. Profil couleur du Beriev Be-14.
Sources :
  • Самолет-Амфибия Бе-12, А. Заблотсцкий & А. Сальников, Военный Музей, 2001
  • site Be-12
Pour reproduire cet appareil :
Fabricant Échelle Référence et désignation
RVHP 1/72 72122 BERIEV Be-12 CHAIKA "MAIL"
Page mise à jour le 21/04/2012