Au sortir de la seconde guerre mondiale, l'URSS avait parfaitement compris l'impact du porte-avions dans le cadre de la guerre navale, de nombreux projets ont même été étudiés et planifiés mais les difficultés étaient inombrables pour les défenseurs des porte-avions au sein de la marine russe. Il y avait d'abord les difficultés techniques, les pays qui s'étaient dôtés de porte-avions dans les années 20 et 30 peuvent en témoigner, l'acquisition d'une vraie capacité aéronavale requiert beaucoup d'argent, de savoir faire et d'intelligence à quoi s'ajoutait en URSS le contexte politique, l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques s'étant définie comme un pays anti-impérialiste, il était difficile pour la marine soviétique de demander la construction des navires symboles du dit impérialisme, Krouchtchev parlant même d'arme d'agression. Enfin, le cadre géographique de l'URSS ne rendait pas service aux pro-porte-avions puisque la marine soviétique devait se battre dans des mers soit fermées (Baltique, Mer Noire) soit difficilement accessibles aux porte-avions (Océan Glacial Arctique), seul le Pacifique était un terrain de feu favorable. Tous les projets de porte-avions furent de toute façon stoppés par le limogeage le 8 décembre 1955 de l'amiral Kouznetsov, leur principal avocat. Ce n'est que vingt ans plus tard que les études de porte-avions reprendront en URSS avec l'Orel et l'Oulynavosk, seul vrai porte-avions soviétique qui ne sera jamais achevé.
La marine soviétique n'était cependant pas totalement fermée aux innovations et tous les amiraux dont le premier d'entre-eux, l'amiral Gorckhov, avaient compris l'utilité de l'hélicoptère dans la lutte anti-sous-marine. Pour pouvoir frapper les sous-marins américains lanceurs d'engins (qui pouvaient frapper l'URSS quasiment depuis leurs bases), l'URSS imagina une classe de croiseurs porte-hélicoptères qui après plusieurs années d'études allait aboutir aux Moskva.
Le premier projet envisagea la réutilisation d'une coque de croiseur du projet 68bis (la classe Sverdlov devait compter 23 navires mais seulement 14 furent achevés, 9 coques étant disponibles). En janvier 1959, l'Amiral Gorckhov demanda l'étude d'un projet de navire capable de combattre les sous marins en haute mer au sein d'un groupe de chasse, le navire en question devant en assurer le commandement. Le premier projet donnait un bâtiment de 4500 tonnes, filant à 35 noeuds et pouvant embarquer 8 Kamov Ka-25 avec un armement defensif réduit. Le 18 août 1959, le bureau central de construction proposa d'accroitre le nombre d'hélicoptères embarqués de 8 à 14 et de renforcer l'armement anti-sous-marin et anti-aérien ce qui porta le tonnage à 8000 tonnes et reduisait la vitesse à 32 noeuds. Le projet 1123 Kondor fût officiellement lancé le 25 janvier 1960 avec pas moins de huit variantes : quatre avec divers systèmes propulsifs, trois avec un armement différent et un tonnage réduit et même un avec une coque catamaran.
Le projet définitif fût arrêté le 29 septembre 1960 avec la même propulsion que les croiseurs de classe Kynda. Pourtant les recherches se poursuivirent, signe d'une certaine indécision au sein des hautes sphères de la marine soviétique, donnant naissance à seize nouvelles variantes, le tonnage ne cessant d'augmenter jusqu'à ce que les caracteristiques techniques définitives soient arrêtées le 28 novembre 1963... alors que la construction du Moskva avait déjà commencé à Nikolaiev.
À l'instar des autres croiseurs porte-hélicoptères de l'époque (les Andrea Doria et Vittorio Veneto italiens, la Jeanne d'Arc française), les Moskva avait leur armement regroupé sur la plage avant (à nuancer pour la Jeanne d'Arc qui possédait jusqu'en 2000 deux tourelles de 100 mm modèle 53 derrière le pont d'envol), de massives superstructures et un vaste pont d'envol à l'arrière surmontant le hangar (sur la liste donnée au début, seuls les Andrea Doria possédait un hangar au bout du pont d'envol, les Moskva possédant les deux).
Le pont d'envol des Moskva mesurait 86 m de long sur 34 m de large. Un hangar au bout de ce pont pouvait accueillir deux hélicoptères côte à côte. Le pont d'envol disposait de trois points d'accrochage et de quatre spots d'appontage numérotés 1 à 4, un cinquième spot marqué par la lettre P occupant l'espace central. Deux ascenseurs pour aéronefs de 16,5 m de long sur 4,5 m de large le reliaient à un entrepont de 50 m de long sur 22 de large. L'entrepont pouvait accueillir jusqu'à 18 Kamov K- 25 même si généralement seulement quatorze appareils étaient embarqués.
Liste des porte-aéronefs du projet 1123 | ||||
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Nom | Numéro de chantier | Mis sur cale | Lancé | En service |
Nikolaïev, chantier n°198 | ||||
Moskva | 701 | 15/12/1962 | 14/01/1965 | 25/12/1967 |
Leningrad | 702 | 15/01/1965 | 31/07/1965 | 02/06/1969 |
Déplacement standard | 14 900 t |
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Déplacement à pleine charge | 17 500 t |
Longueur | 189,1 m |
Largeur | 34,1 m |
Tirant d'eau | 7,6 m |
Propulsion | 4 chaudières à vapeur KVN-98/64, 2 turbines à engrenages développant 100 000 ch et entraînant 2 hélices |
Vitesse maximale | 30 noeuds |
Autonomie | 6000 miles nautiques à 18 noeuds |
Électronique |
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Armement |
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Groupe aérien | 18 hélicoptères Kamov Ka-25 PLO/PS |
Équipage | 804 officiers, sous-officiers et matelots |
Fabricant | Échelle | Référence et désignation |
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Airfix | 1/600 | 5202 Moskva |
Kombrig | 1/700 | 70301 "Moskva" carrying cruiser |
Kombrig | 1/700 | 70302 "Leningrad" carrying cruiser |
Page mise à jour le 08/01/2011