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Projet 1123 Кондор

Moskva

Le Moskva au début des années 1990.

Développement des porte-hélicopères du projet 1123

Au sortir de la seconde guerre mondiale, l'URSS avait parfaitement compris l'impact du porte-avions dans le cadre de la guerre navale, de nombreux projets ont même été étudiés et planifiés mais les difficultés étaient inombrables pour les défenseurs des porte-avions au sein de la marine russe. Il y avait d'abord les difficultés techniques, les pays qui s'étaient dôtés de porte-avions dans les années 20 et 30 peuvent en témoigner, l'acquisition d'une vraie capacité aéronavale requiert beaucoup d'argent, de savoir faire et d'intelligence à quoi s'ajoutait en URSS le contexte politique, l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques s'étant définie comme un pays anti-impérialiste, il était difficile pour la marine soviétique de demander la construction des navires symboles du dit impérialisme, Krouchtchev parlant même d'arme d'agression. Enfin, le cadre géographique de l'URSS ne rendait pas service aux pro-porte-avions puisque la marine soviétique devait se battre dans des mers soit fermées (Baltique, Mer Noire) soit difficilement accessibles aux porte-avions (Océan Glacial Arctique), seul le Pacifique était un terrain de feu favorable. Tous les projets de porte-avions furent de toute façon stoppés par le limogeage le 8 décembre 1955 de l'amiral Kouznetsov, leur principal avocat. Ce n'est que vingt ans plus tard que les études de porte-avions reprendront en URSS avec l'Orel et l'Oulynavosk, seul vrai porte-avions soviétique qui ne sera jamais achevé.

La marine soviétique n'était cependant pas totalement fermée aux innovations et tous les amiraux dont le premier d'entre-eux, l'amiral Gorckhov, avaient compris l'utilité de l'hélicoptère dans la lutte anti-sous-marine. Pour pouvoir frapper les sous-marins américains lanceurs d'engins (qui pouvaient frapper l'URSS quasiment depuis leurs bases), l'URSS imagina une classe de croiseurs porte-hélicoptères qui après plusieurs années d'études allait aboutir aux Moskva.

Le premier projet envisagea la réutilisation d'une coque de croiseur du projet 68bis (la classe Sverdlov devait compter 23 navires mais seulement 14 furent achevés, 9 coques étant disponibles). En janvier 1959, l'Amiral Gorckhov demanda l'étude d'un projet de navire capable de combattre les sous marins en haute mer au sein d'un groupe de chasse, le navire en question devant en assurer le commandement. Le premier projet donnait un bâtiment de 4500 tonnes, filant à 35 noeuds et pouvant embarquer 8 Kamov Ka-25 avec un armement defensif réduit. Le 18 août 1959, le bureau central de construction proposa d'accroitre le nombre d'hélicoptères embarqués de 8 à 14 et de renforcer l'armement anti-sous-marin et anti-aérien ce qui porta le tonnage à 8000 tonnes et reduisait la vitesse à 32 noeuds. Le projet 1123 Kondor fût officiellement lancé le 25 janvier 1960 avec pas moins de huit variantes : quatre avec divers systèmes propulsifs, trois avec un armement différent et un tonnage réduit et même un avec une coque catamaran.

Le projet définitif fût arrêté le 29 septembre 1960 avec la même propulsion que les croiseurs de classe Kynda. Pourtant les recherches se poursuivirent, signe d'une certaine indécision au sein des hautes sphères de la marine soviétique, donnant naissance à seize nouvelles variantes, le tonnage ne cessant d'augmenter jusqu'à ce que les caracteristiques techniques définitives soient arrêtées le 28 novembre 1963... alors que la construction du Moskva avait déjà commencé à Nikolaiev.

Le Moskva sortant de Sébastopol le 24 avril 1993.
(crédits photo : V.V. Kostritchenko)
Le Leningrad dans les années 1990. Le Leningrad en Méditerranée en avril 1990.
(crédits photo : Stephen L. Batiz)

Description technique

À l'instar des autres croiseurs porte-hélicoptères de l'époque (les Andrea Doria et Vittorio Veneto italiens, la Jeanne d'Arc française), les Moskva avait leur armement regroupé sur la plage avant (à nuancer pour la Jeanne d'Arc qui possédait jusqu'en 2000 deux tourelles de 100 mm modèle 53 derrière le pont d'envol), de massives superstructures et un vaste pont d'envol à l'arrière surmontant le hangar (sur la liste donnée au début, seuls les Andrea Doria possédait un hangar au bout du pont d'envol, les Moskva possédant les deux).

Le pont d'envol des Moskva mesurait 86 m de long sur 34 m de large. Un hangar au bout de ce pont pouvait accueillir deux hélicoptères côte à côte. Le pont d'envol disposait de trois points d'accrochage et de quatre spots d'appontage numérotés 1 à 4, un cinquième spot marqué par la lettre P occupant l'espace central. Deux ascenseurs pour aéronefs de 16,5 m de long sur 4,5 m de large le reliaient à un entrepont de 50 m de long sur 22 de large. L'entrepont pouvait accueillir jusqu'à 18 Kamov K- 25 même si généralement seulement quatorze appareils étaient embarqués.

Lance-roquettes ASM RBU-6000 sur le Moskva.
(crédits photo : S. Balakine)
Rampe double B-187A Chtorm sur le Moskva.
(crédits photo : S. Balakine)
Les radars Voskhod (en haut) et Angara-A sur la mâture du Moskva.
(crédits photo : S. Balakine)
Le Leningrad croisant en Manche en août 1981.
Liste des porte-aéronefs du projet 1123
Nom Numéro de chantier Mis sur cale Lancé En service
Nikolaïev, chantier n°198
Moskva 701 15/12/1962 14/01/1965 25/12/1967
Leningrad 702 15/01/1965 31/07/1965 02/06/1969
Fiche technique
Déplacement standard 14 900 t
Déplacement à pleine charge 17 500 t
Longueur 189,1 m
Largeur 34,1 m
Tirant d'eau 7,6 m
Propulsion 4 chaudières à vapeur KVN-98/64, 2 turbines à engrenages développant 100 000 ch et entraînant 2 hélices
Vitesse maximale 30 noeuds
Autonomie 6000 miles nautiques à 18 noeuds
Électronique
  • 1 radar de veille aérienne tridimensionelle MR-600 Voskhod ("Top Sail")
  • 1 radar de veille aérienne tridimensionelle MR-310 Angara-A ("Head Net C")
  • 2 radars de conduite de tir Grom ("Head Light A") pour les missiles surface-air
  • 2 radars de conduite de tir MR-103 Bars ("Muff Cob") pour l'artillerie de 57 mm
  • 3 radars de navigation Vaïgatch ("Don 2")
  • 1 système de guerre électronique Gourzouf ("Side Globe")
  • 1 système de guerre électronique Zaliv (2 "Bell Clout", 2 "Bell Slam", 2 "Bell Tap", 2 "Top Hat")
  • 2 lance-leurres PK-2 (remplaçant les AK-230)
  • 1 sonar de coque MG 342 Orion ("Moose Jaw")
  • 1 sonar remorqué MG-325 Vega ("Mare Tail")
  • 2 systèmes IFF Nikel-KM et Krom-KM ("High Pole A" et "B")
Armement
  • système M-11 Chtorm: 2 rampes doubles B-187A pour missiles V-611 ("SA-N-3 Goblet SAM") / 96 missiles
  • système Vikhr : 1 rampe double MS-18 pour missiles ASM 82-R ("SUW-N-1") / 48 missiles
  • 2 tourelles doubles de 57 mm AK-725
  • 2 tourelles doubles de 30 mm AK-230 (débarqués)
  • 2 lance-roquettes ASM RBU-6000 Smertch 2 de 250 mm / 120 roquettes
  • 2 plate-formes quintuples de tubes lance-torpilles de 533 mm PTA-53-1123 (débarquées dans les années 1970 car inutilisables)
Groupe aérien 18 hélicoptères Kamov Ka-25 PLO/PS
Équipage 804 officiers, sous-officiers et matelots
Sources :
  • Советские Авианосцы, Сергей Балакин, Владимир Заблоцкий, Арсенал Коллекция, 2007
  • Противолодочный крейсер "Москва", С. А. Балакин, Морская коллекция 5/2002, 2002
  • page sur le projet 1123 du site Opération Atrina
Pour reproduire ce navire :
Fabricant Échelle Référence et désignation
Airfix 1/600 5202 Moskva
Kombrig 1/700 70301 "Moskva" carrying cruiser
Kombrig 1/700 70302 "Leningrad" carrying cruiser
Page mise à jour le 08/01/2011