En 1972, le bureau d'études TsKB Roubine commença l'étude du SNLE projet 667BDR Kalmar (Delta III pour l'OTAN) dérivé du projet 667BD et capable de mettre en oeuvre le futur missile R-29R à têtes multiples. La dotation en missiles restait inchangée, mais la hauteur plus importante du R-29R obligea à réhausser l'excroissance dorsale du Delta III, qui arrivait au niveau des barres de plongée avant.
Comme ses prédécesseurs, le projet 667BDR était un sous-marin à double coque. La coque épaisse, construite en acier AK-29 et rigidifiée par 239 couples, était divisée en dix tranches. L'espace entre les deux coques était occupé par les ballasts dans la partie inférieure, pour un volume de 2500 m3, tandis que des bouteilles d'air haute pression et divers appendices prenaient place en partie supérieure.
Plan général d'emménagement d'un SNLE du projet 667BDR. | Détail du massif d'un SNLE du projet 667BDR. |
Les conditions de vie de l'équipage furent améliorées par l'installation d'un solarium et d'une salle de sport, mais le volume disponible par marin dans les zones vie restait faible. Côté sécurité, le système de lutte incendie faisait appel à l'extinction par gaz inerte, en l'occurence le fréon.
L'appareil à gouverner du Delta III était composé de barres de plongée avant situées sur le massif pour favoriser la stabilité d'immersion et de barres en croix à l'arrière. Les barres de plongée arrière voyaient leurs surfaces mobiles divisées en quatre parties : deux barres mobiles principales et deux barres mobiles secondaires de surface réduite. Ces dernières pourraient être une redondance des barres principales ou bien servir à effectuer des déplacements lents et discrets.
Vue des barres en croix d'un Delta III : on remarque les 4 parties mobiles des plans horizontaux. | Détail de la barre de plongée avant tribord. | Pupitres de l'usine électrique d'un Delta III en 1987. |
La production d'énergie était assurée par deux réacteurs VM-4S de 90MW unitaires, fournissant la vapeur à deux turbo-alternateurs TG-3000 de 3 MW unitaires. Les deux moteurs diesel DG-460 assuraient la source d'énergie de secours. Deux blocs turboréducteurs GTZA-635 entraînaient les deux lignes d'arbre indépendantes. Un moteur électrique de secours PG-153 était présent sur chaque ligne d'arbre. Les hélices à 5 pales installées au départ furent remplacées sur certains bateaux par des hélices à 7 pales. En aval des pales, le moyeu d'hélice était muni de deux plans à 90° permettant de réduire la cavitation d'ogive.
Hélices à 5 pales d'origine. Remarquez les anodes sacrificielles. | Hélices à 7 pales adoptées sur certains Delta III. |
Un nouveau sonar capable de fonctionner en basse fréquence, le MGK-400 Roubikon, fut installé en remplacement du MGK-100 Kertch. Un sonar passif remorqué Avrora-1 fut installé sur les K-44, K-441, K-487 et K-496 au cours d'une IPER. Cette antenne linéaire remorquée était installée à quai et n'était pas ravalable : le sous-marin devait donc la conserver pendant toute la durée de la patrouille.
La centrale de navigation Tobol-M-1 présentait elle aussi des avancées par rapport à celle installées sur les SNLE précédents, puisqu'elle ne nécessitait qu'un recalage tous les deux jours. Le système de navigation acoustique Chmel apportait quant à lui une aide précieuse pour évoluer sous la banquise.
Photo de la baignoire (fosse de veille) d'un SNLE du projet 667BDR. | K-455 naviguant à l'immersion périscopique. |
Pour permettre aux SNLE du projet 667BDR de lancer leurs 16 missiles en une seule salve, le système de gestion de tir fut perfectionné. Le système d'armes D-9R pouvait emporter 16 missiles de trois versions différentes, interchangeables :
La dotation standard des SNLE du projet 667BDR comprenait des missiles R-29R ou R-29RL. Leur écart circulaire probable était de l'ordre de 900 m.
L'armement conventionnel du Delta III comprenait 4 tubes lance-torpilles de 533 mm et 2 de 400 mm. La dotation en torpilles comprenait 16 armes de 533 mm dont 4 en tube et 12 sur rance et 4 armes de 400 mm.
Vues de la proue d'un Delta III montrant les volets d'étrave des tubes lance-torpilles de 533 mm et 400 mm. |
Liste des SNLE du projet 667BDR | ||||
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Identifiant | Numéro de chantier | Mis sur cale | Lancé | En service |
Severodvinsk, chantier n°402 Sevmach | ||||
K-424 | 355 | 30/01/1974 | 11/02/1976 | 30/12/1976 |
K-441 | 366 | 07/05/1974 | 25/05/1976 | 31/10/1976 |
K-449 | 367 | 19/07/1974 | 29/07/1976 | 26/12/1976 |
K-455 | 368 | 16/10/1974 | 16/08/1976 | 30/12/1976 |
K-490 | 372 | 06/03/1975 | 21/01/1977 | 30/09/1977 |
K-487 | 373 | 09/06/1975 | 04/04/1977 | 27/12/1977 |
K-44 | 376 | 31/01/1980 | 19/01/1982 | 17/09/1982 |
K-496 | 392 | 23/09/1975 | 13/08/1977 | 30/12/1977 |
K-506 | 393 | 29/12/1975 | 26/01/1978 | 30/11/1978 |
K-211 | 394 | 19/08/1976 | 13/01/1979 | 28/09/1979 |
K-223 | 395 | 19/02/1977 | 30/04/1979 | 27/11/1979 |
K-180 | 396 | 27/12/1977 | 08/01/1980 | 25/09/1980 |
K-433 | 397 | 24/08/1978 | 20/06/1980 | 15/12/1980 |
K-129 | 398 | 09/04/1979 | 15/04/1981 | 05/11/1981 |
Déplacement en surface | 10 600 t |
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Déplacement en plongée | 13 700 t |
Longueur | 155 m |
Largeur | 11,7 m |
Tirant d'eau | 8,7 m |
Énergie et propulsion | 2 réacteurs VM-4S de 90 MW unitaires, 2 turbines à vapeur GTZA-635 de 30 000 ch unitaires, 2 turboalternateurs TG-3000 de 3000 kW unitaires, 2 diesel-alternateurs de secours DG-460 de 460 kW unitaires, 2 moteurs électriques de secours PG-153 de 225 kW unitaires, 2 hélices |
Vitesse maximale | 14 nœuds en surface, 24 nœuds en plongée |
Autonomie | 80 jours |
Profondeur d'immersion opérationnelle | 320 m |
Profondeur d'immersion maximale | 400 m |
Électronique |
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Armement |
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Équipage | 130 officiers, sous-officiers et matelots |
Plan 2 vues d'un SNLE du projet 667BDR. | Profil couleur d'un SNLE du projet 667BDR. | Vue de profil du massif d'un SNLE du projet 667BDR. |
Page mise à jour le 21/04/2012