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Soukhoï Su-17

Su-17M4 sur le terrain de Templin, en Allemagne, le 5 avril 1994.

Naissance du Su-17 (Fitter-C)

Bien que donnant satisfaction, la version chasseur-bombardier du Soukhoï Su-7 présentait deux inconvénients majeurs : une autonomie limitée et des longueurs de décollage et d'atterrissage trop importantes. Pour remédier au second problème, deux voies d'étude existaient : d'une part le décollage court ou vertical grâce à des réacteurs de sustentation, d'autre part l'utilisation d'une aile à géométrie variable. La première solution fut essayée par l'OKB Soukhoï sur le T-58M, un dérivé du Soukhoï Su-15. La seconde fut essayée sur la base du Su-7B avec le projet nommé S-22I, dont les études débutèrent en 1963 sous la direction de N.G. Zyrine. En 1966, le Su-7BM de production n°48-06 fut modifié et effectua son premier vol en tant que S-22I le 2 août 1966, devenant le premier avion soviétique à géométrie variable à voler.

Pour minimiser les changements, le bureau Soukhoï avait décidé de ne rendre mobile que les panneaux extérieurs, ce qui permettait de garder la configuration du train d'atterrissage s'encastrant dans l'aile et évitait la conception de pylônes d'armement pivotants. L'avion fut longuement testé lors de l'année 1967 et présenté en public lors du défilé aérien de Domodedovo le 9 juillet. La modification fut jugée heureuse, car les vitesses d'atterrissage et de décollage étaient réduites de 50 à 60 km/h, ce qui permettait d'utiliser des pistes beaucoup plus courtes. De plus, la vitesse de décrochage était aussi réduite, ce qui permettait de voler avec moins de visibilité sans augmenter les risques. Le meilleur comportement en régime subsonique provoquait également une nette diminution de la consommation et donc un accroissement du rayon d'action.

Deux photos du prototype S-22I lors de ses essais.
(crédits photos : OKB Soukhoï)
Le S-22I à l'atterrissage le 9 juillet 1967 à Domodedovo.
(crédits photo : OKB Soukhoï)

En novembre 1967, le Comité Central du PCUS et le Conseil des Ministres de l'URSS émirent une directive demandant à l'usine n°126 de Komsomolsk-sur-l'Amour de se préparer à la production en série d'une version à flèche variable du Su-7 pour 1969. Le nom officiel donné à l'appareil fut Su-17, ou Fitter-C pour l'OTAN, tandis que le nom retenu par le constructeur était S-32.

Une présérie de 12 appareils fut commandée, les deux premiers exemplaires étant livrés au centre d'essai des VVS en 1970 pour les essais d'acceptation. Quant aux dix autres avions, ils gagnèrent le 4 TsBP i PLS de Lipetsk pour que les pilotes commencent à se familiariser avec le nouvel appareil. Par rapport au Su-7B, il bénéficiait d'une avionique quelque peu revue, avec en particulier la possibilité de tirer le tout nouveau missile air-sol Kh-23. Le Su-17 passa tous les tests d'acceptation avec succès, et fut alors mis en production à l'usine de Komsomolsk-sur-l'Amour, les premiers avions étant livrés au 523 IBAP en octobre 1970. Une variante d'exportation, le Su-17K, fut livrée à l'Égypte en 1973, juste à temps pour participer à la guerre du Kippour. La production du Su-17 cessa en 1973, avec 250 exemplaires produits.

Su-17 de début de production, encore privé d'étoile rouge sur la dérive.
(crédits photo : Yefim Gordon)
Su-17 "60 rouge" de début de production.
(crédits photo : OKB Soukhoï)
Su-17 "52 rouge" de fin de production.
(crédits photo : Yefim Gordon)

Su-17M (Fitter-C)

Dès 1969, des travaux sont engagés pour améliorer encore l'avion sous la désignation d'usine S-32M qui devait donner naissance au Su-21, mais qui deviendra en fait le Su-17M. La modification principale était le remplacement du moteur AL-7F-1 par un AL-21F-3 du même constructeur Lioulka, un peu plus puissant mais surtout bien moins gourmand en carburant. Le système d'arme devait être aussi changé, mais, n'étant pas prêt à temps, il sera finalement reporté sur la version suivante, le Su-17M2.

Le premier prototype du Su-17M, le S32M-1, fut terminé fin 1971 et effectua son premier vol en décembre, piloté par Yevgueni S. Soloviov. Un second prototype, le S32M-2, servit pour tester le système d'armes. Les essais d'acceptation s'achevèrent en 1971 et la production en série du Su-17M débuta en 1973. Au total, 253 Su-17M furent construits jusqu'en 1976. Le nom de code OTAN de l'appareil restait Fitter-C.

Une variante d'exportation fut là aussi développée sous la désignation d'usine S-32MK et commerciale de Su-20. Les seuls changements par rapport au Su-17M résidaient dans l'équipement et l'armement.

Le S32M-1, premier prototype du Su-17M, codé "53 bleu".
(crédits photo : OKB Soukhoï)
Le S32M-2 portant le code "33 rouge".
(crédits photo : OKB Soukhoï)
Vue de dessus d'un Su-17M, ses ailes étant à l'angle maximum de 63°.
(crédits photo : Yefim Gordon)
Su-17M "04 bleu".
(crédits photo : Yefim Gordon)

Su-17M2 (Fitter-D)

En février 1972, Soukhoï commença à étudier une nouvelle version du Su-17, le Su-17M2 (S-32M2), capable non seulement d'attaquer des cibles terrestres et navales, mais aussi d'engager des chasseurs ennemis. Pour cela, cette version embarquait les viseurs ASP-17 et PBK-3-17S associés à un télémètre laser Fone et un système de détermination d'angle et d'altitude IKV. Le Su-17M2 pouvait utiliser une grande variété de missiles air-sol (Kh-23, Kh-25, Kh-28 et Kh-29L), mais aussi des missiles air-air R-60 pour assurer son autodéfense.

Le premier prototype du S-32M2 réalisa son premier vol en décembre 1973 et commença ses essais d'acceptatition en mars 1974. Deux autres appareils furent construits pour participer aux essai qui s'achevèrent à la fin de l'année. En 1975, l'un des prototypes fut modifié pour pouvoir emporté le missile Kh-29L à guidage laser. Le même appareil servit l'année suivante à étudier l'intégration du missile R-60 sur le Su-17M2. La production en série du Su-17M2 débuta en 1975 pour s'achever en 1977, totalisant 268 exemplaires, désignés Fitter-D par l'OTAN.

Su-17M2 "10 rouge" dans sa livrée aluminium.
(crédits photo : Yefim Gordon)
Su-17M2 "24 rouge" arborant un camouflage trois tons.
(crédits photo : Yefim Gordon)

Une demande du ministère de l'aviation d'essayer le montage d'un moteur Toumanski R29B-300 pour uniformiser la production avec celle du MiG-23 donna naissance à une variante Su-17M2D. Mais le moteur, plus large et plus gourmand, ne faisait que réduire l'autonomie de l'avion. Cependant comme il était déjà exporté, on décida de l'utiliser dans la version Su-22 destinée aux marchés extérieurs.

Su-17UM d'entraînement (Fitter-E)

Jusqu'alors, le besoin d'un biplace d'entraînement avancé ne s'était pas trop fait sentir, le Su-7U remplissant le besoin. Mais les deux avions étaient désormais bien différents, et en octobre 1974 le Conseil des Ministres de l'URSS et le Comité Central du PCUS publièrent une directive demandant la création d'une version d'entraînement biplace du Su-17.

Le projet était à l'étude depuis 1971, sous la désignation d'usine de S-52U, censé devenir à terme le Su-19U. Le travail pour ajouter un poste d'équipage supplémentaire fut mis à profit pour améliorer l'un des gros défauts du Su-17 : la faible visibilité à partir de l'habitacle, en particulier vers le sol et l'avant. La partie avant du fuselage fut entièrement revue, l'équipement étant déplacé et l'arrête dorsale augmentant de volume, de nouveaux sièges éjectables de type Zvezda K-36D furent utilisés. Le prototype du S-52U fut achevé à l'été 1975 et effectua son premier vol en septembre. L'avion prit finalement la désignation de Su-17UM (Fitter-E pour l'OTAN) et se production débuta en 1976. Jusqu'en 1981, 75 exemplaires sortirent des chaînes de montage. La version d'exportation du Su-17UM, motorisée par un turboréacteur R29BS-300, fut appelée Su-22U.

Deux photos du Su-17UM "35 bleu", qui était sans doute le prototype du S-52U. (crédits photos : OKB Soukhoï)

Su-17M3 (Fitter-H)

C'est du biplace d'entraînement que va être issue la version de combat suivante, le Su-17M3 (désignation d'usine S-52). L'emplacement du second poste fut utilisé pour y loger du carburant et une baie d'avionique. Le télémètre laser Fone fut remplacé par le Klyone-PS, et les deux viseurs substitués par un viseur unique ASP-17B.

Le Su-17M3 entra en production en 1975-1976, le premier prototype étant prêt au début de l'année 1976. Le code OTAN attribué à cette version était Fitter-H. En janvier 1977, un second prototype se joignit aux essais d'acceptation. Les tests révélèrent une perte de stabilité longitudinale, qui fut résolue par un léger agrandissement de la dérive vers le haut. Les essais d'acceptation s'achevèrent en décembre 1978, trois appareils de présérie ayant rejoint le programme en cours de route. La production en série avait commencée en 1976, et s'acheva en 1981, au 488ème exemplaire.

Certains exemplaires furent dotés d'un pod KKR-1/T pour effectuer des missions de reconnaissance tactique. Cette version fut baptisée Su-17M3R. Par la suite, une nouvelle version du pod, le KKR-1/2, fut embarquée sur l'appareil. Cet équipement pouvait être rempacé par les pods KKR-2A ou KKR-2T.

S-52 "92 bleu", premier prototype du Su-17M3.
(crédits photo : OKB Soukhoï)
Le second prototype du Su-17M3, codé à l'origine "93 bleu", aujourd'hui conservé à Monino avec le code "93 rouge".
(crédits photo : Ilya Morozov sur Airliners.net)
Su-17M3 emportant 20 bombes FAB-100.
(crédits photo : Sergueï Skrynnikov)
Deux Su-17M3 au décollage.
(crédits photo : ITAR-TASS)

Comme son prédécesseur, le Su-17M3 était accompagné d'une version d'exportation motorisée par un R29BS-300, le Su-22M, produit entre 1979 et 1981, qui embarquait seulement l'avionique du Su-17M2. Ensuite apparut le Su-22M3, doté de l'avionique du Su-17M3, produit à partir de 1982.

Su-17UM3 (Fitter-G)

En octobre 1978, la version d'entraînement du Su-17M3, le Su-17UM3, effectua son premier vol. Les essais constructeur s'éternisèrent, et ceux d'acceptation ne débutèrent qu'en 1981. Cependant, la production du Su-17UM3 commença dès 1978, et 165 exemplaires furent construits. Le code OTAN de l'appareil était Fitter-G.

Su-17UM3 "81 rouge" sur le terrain de Koubinka.
(crédits photo : Yefim Gordon)
Su-17UM3 à l'atterrissage.
(crédits photo : Yefim Gordon)
Su-17UM3 du 730 ABIP à l'atterrissage à Neuruppin, en Allemagne, le 17 septembre 1990. (crédits photo : Rob Schleiffert sur Airliners.net)

Su-17M4 (Fitter-K)

La dernière version de l'avion, le Su-17M4 (désignation d'usine S-54) fut dotée d'un équipement encore plus élaboré, comprenant le laser Klyone-54, l'ordinateur de bord Orbita-10 et la possibilité d'emporter les missiles Kh-25ML, Kh-29T et S-25L air-sol ainsi que R-60M air-air. En outre, le cône d'entrée d'air, auparavant variable, devint fixe, l'avion devant surtout opérer à basse altitude. La production du Su-17M4 débuta en 1980, et un total de 231 appareils fut construit. Le nom de code OTAN de l'avion était Fitter-K. La version d'export fut baptisée Su-22M4 (désignation d'usine S-54K).

Comme pour le Su-17M3, une version de reconnaissance tactique, désignée Su-17M4R, fut développée et entra en service en 1981. L'appareil était équipé d'un pod KKR-1/54.

L'un des prototypes du Su-17M4, le "70 bleu".
(crédits photo : OKB Soukhoï)
Su-17M4 "42 jaune" sur la base de Templin, en Allemagne, en avril 1994.
(crédits photo : Fred Willemsen sur Airliners.net)
Chargement de bombes FAB-100 sous les pylônes de ces Su-17M4.
(crédits photo : Sergueï Skrynnikov)

Carrière opérationnelle

Les Su-17 ont connu une intense période d'activité entre 1979 et 1989, lorsqu'ils furent engagés en Afghanistan pour appuyer la 40ème armée dans ses opérations contre la guérilla des moudjahidines. Entre 100 et 150 Su-17, Su-17M, Su-17M3 et Su-17M4 furent utilisés tout le long du conflit, rejoint en 1985 par quelques Soukhoï Su-25.

Le comportement de l'avion semble avoir été bon, posant peu de problème de maintenance, et étant assez peu vulnérable aux tirs venant du sol. Plusieurs ont néanmoins été abattus, mais les équipages semblent avoir apprécié sa robustesse. Par contre, sa précision lors des attaques au sol semble avoir été assez moyenne. Ils reçurent en cours d'opérations divers perfectionnements, comme des réservoirs blindés et des éjecteurs de leurres thermiques ASO-2V. Ils utilisèrent aussi des bombes thermobariques.

Su-17M4R du 886 ORAP en Afghanistan.
(crédits photo : Авяция и Время)
Su-17M3R du 101 ORAP qui servit en Afghanistan.
(crédits photo : Авяция и Время)
Alignement de Su-17M3 et Su-17UM3.
(crédits photo : ITAR-TASS)

En Allemagne de l'Est, la 16 VA comptait deux régiments équipés de Su-17 : le 20 GvAPIB sur le terrain de Templin et le 730 APIB à Neuruppin. Ces unités furent rapatriées en 1994.

Le dernier Su-17M4 a été retiré de l'inventaire russe en 1998. Quelques exemplaires d'entraînement restèrent encore en service dans les années 2000. Les versions destinées à l'export ont connu une grande diffusion servant, en Pologne, Bulgarie, Tchécoslovaquie, Allemagne de l'Est, Hongrie, Algérie, Égypte, Irak, Libye, Syrie.

Su-17UM3 "84 jaune" à l'atterrissage à Templin le 17 août 1993.
(crédits photo : Joris Termorshuizen sur Airliners.net)
Su-17M4 "24 jaune" sur le terrain de Templin le 5 avril 1994.
(crédits photo : Robert Schleiffert sur Airliners.net)
Su-17UM3 "56 rouge" en phase d'atterrissage à Tchkalovskiy, le 12 avril 2007, juste avant son retrait du service.
(crédits photo : Melihov Alexander sur Airliners.net)
Fiche technique
Su-17 Su-17M Su-17M3
Longueur 16,415 m 16,814 m 17,341 m
Envergure 13,656 m 13,68 m 13,68 m
Hauteur au sol 4,962 m 4,856 m 5,129 m
Surface alaire 38,52 m2 38,39 m2 38,49 m2
Masse à vide 10 090 kg 10 050 kg 10 880 kg
Masse maximale au décollage 16 949 kg 18 370 kg 19 630 kg
Équipage 1 1 1
Motorisation 1 turboréacteur Lioulka AL-7F-1-250 de 9600 kgp avec postcombustion 1 turboréacteur Lioulka AL-21F-3 de 11 200 kgp avec postcombustion 1 turboréacteur Lioulka AL-21F-3 de 11 200 kgp avec postcombustion
Plafond opérationnel 16 300 m 15 600 m 15 200 m
Vitesse maximale 2150 km/h Mach 2,1 2300 km/h
Distance franchissable 1450 km avec réservoirs supplémentaires 2500 km avec réservoirs supplémentaires 2300 km avec réservoirs supplémentaires
Course au décollage 750-850 m 750 m 900 m
Course à l'atterrissage 550-750 m avec parachute 750-950 m avec parachute 950 m avec parachute
Armement 2 canons NR-30 de 30 mm (80 coups chacun) ;
jusqu'à 3000 kg de bombes et/ou roquettes ;
2 missiles air-sol Kh-23
2 canons NR-30 de 30 mm (80 coups chacun) ;
jusqu'à 4000 kg de bombes et/ou roquettes ;
2 missiles air-sol Kh-23
2 canons NR-30 de 30 mm (80 coups chacun) ;
jusqu'à 4250 kg de bombes et/ou roquettes ;
missiles air-sol Kh-23, Kh-25 et Kh-29L, missiles air-air R-60
Profil de Su-17. Plan 3 vues de Su-17M. Plan 3 vues de Su-17M4.
Profil de Su-17UM3. Su-17 "16 rouge". Su-17M3R "21 bleu".
Sources :
  • Sukhoi Su-7/-17/-20/-22, Soviet Fighter and Fighter-Bomber Family, Yefim Gordon, Aerofax, 2004
Pour reproduire cet appareil :
Fabricant Échelle Référence et désignation Galerie
Bilek 1/72 950 Sukhoi Su-17 Fitter "G" -
Bilek 1/72 936 Sukhoi Su-17 "Fitter H" -
Kopro 1/48 3163 Sukhoi Su-17/22 M-3 Maquette de Romain Flechon
Page mise à jour le 21/04/2012